Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/216

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Si bien qu’un soir, je ne sais plus si la crêpe était au seigle, ou la tarte aux féveroles, je fis une terrible grimace :

— Pouah ! Quelle horreur !

— Oui, fit Ma Nounouche. Un Tel est venu : il ne restait qu’un petit fond de cannelle…

Dans le récit suivant, il pourrait être question de beurre ou de viande. La guerre engendre des paradoxes. Par exemple, on allait chez le boucher, en supposant, bien entendu, qu’on en eût le moyen. On ne disait pas :

— Dites donc, boucher, enlevez ce vilain coin de graisse.

On se montrait aimable ; on disait :

— Monsieur le boucher, enlevez ce coin de viande trop maigre. Pesez-moi plutôt un gentil petit bout de graisse.

C’est que le beurre manquant, la graisse était plus rare que la viande. Des industriels l’accaparaient d’ailleurs pour la transformer en savon, car Dieu sait pourquoi, le savon, en ce temps, tout le monde en fabriquait.

Mais il faut se restreindre. Je parlerai des pommes de terre. Celles-ci à présent n’ont plus beaucoup d’importance. Elles intéressent à