Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/221

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— Halte !

En même temps, quelqu’un derrière moi m’attrapait par la manche. Un agent :

— Vous avez volé des pommes de terre.

— Moi ?

Il est difficile de savoir si l’on devient pâle ou rouge. J’eus tout à coup très chaud.

— Voyons, dis-je, remuant les bras pour qu’on vît le blanc de mes manchettes, vous vous trompez… Regardez-moi…

— Montrez plutôt vos poches, fit l’agent.

Je montrai celles de gauche qui ne contenaient rien :

— Les autres… insista l’agent.

Hélas ! elles y étaient. Pas besoin de fouiller. Cela faisait de grosses bosses.

— Je le savais bien ; allons ! venez au commissariat.

On rebroussa chemin, l’agent d’un côté, ma fillette de l’autre, les deux hommes derrière nous. Eve ne disait rien. Sans doute ne se rendait-elle pas compte. Ou peut-être trouvait-elle amusant qu’un agent mît son papa en pénitence, comme un méchant garçon. Elle avait un petit sourire. Quant à moi, je n’avais pas la moindre envie de sourire. Les gens, sur