Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/81

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disparaissaient sur la droite ; d’autres qui arrivaient de la droite pour disparaître sur la gauche ; puis des tramways, des charrettes à bras, des bicyclettes, des camions, tout cela pêle-mêle dans de la fumée qui faisait du bruit.

Parmi ces autos, deux survinrent. On n’aurait rien su en dire, sinon que l’une était rouge et l’autre peinte en gris. Elles étaient très belles, et elles allaient très vite.

On n’établit jamais lequel des deux chauffeurs prit mal sa direction. Il se trouva plus tard des gens pour prétendre que, si le chauffeur de l’auto rouge s’absorbait à fumer un cigare, l’autre ne s’absorbait pas moins à fumer une cigarette. Cela semble invraisemblable. Toujours est-il que brusquement des messieurs levèrent les bras : « Arrêtez ! arrêtez ! » ; qu’une jeune fille se jeta les mains sur les yeux, tandis que les deux machines se mordaient gueule à gueule, se cabraient, se dressaient, puis versaient, rouge dans grise, contre un réverbère.

Cela fit : « Boum ! » à cause des ferrailles ; et puis : « Clang ! » parce que le réverbère, se brisant, sous le choc, crachait au loin ce qui lui restait de chicots de verre dans sa lanterne.