Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/92

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bleus. Voyez-vous le père François avec ses deux ronds bleus sur la figure ? Sans parler des moqueries de sa femme, ils lui valurent bien des misères. Le premier matin que, ces lunettes sur le nez, il entra dans l’écurie du fermier Simonon, le cheval ne reconnut plus son homme et prit si peur que François eut de la peine à se remettre du coup de sabot qu’il reçut en plein milieu du ventre. D’ailleurs, à travers ce bleu comment distinguer les blés qui sont mûrs de ceux qui le sont moins ?

Heureusement des lunettes peuvent glisser par terre. La première fois qu’en fauchant, François sentit les siennes s’envoler de son nez, tant pis, elles pouvaient bien pourrir, il se garda bien de les ramasser. Il eut même la précaution de piétiner la place, pour être sûr qu’on ne les retrouverait plus.

En ce temps, il eut à cause de ses yeux toutes espèces de mésaventures. Bien qu’il n’en parlât plus, il voyait toujours ses soleils, tantôt dans l’œil droit, tantôt dans le gauche, souvent dans les deux. Un jour, il ne put avaler sa soupe, parce que, croyant prendre le sel, il l’avait assaisonnée avec du poivre. Sa femme le traita de fainéant. Une autre fois, elle lui demanda de vider l’eau