Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/117

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ma convenance, non à la sienne. Je laissais passer des mois :

— Ah ! re-voilà notre Marcel.

Jamais d’autres reproches.

Pendant tout un temps, ses traits m’ont échappé. Je les retrouve maintenant : long, maigre, un beau front, le cheveu rare, le visage singulièrement rouge, entre deux dents la petite fenêtre pour le gentil bout de langue. En promenade, il m’arrivait de marcher très vite. Il s’essoufflait, le front en sueur.

— Pardon, Charles. Je t’ai fatigué.

— Mais non ! Tu sais que je transpire toujours.

C’était presque vrai. Même chez lui, quand il ne bougeait pas, des perles de sueur lui venaient tout à coup. Cela nous faisait rire.

J’arrivais de grand matin. Après déjeuner, sa brave maman nous servait un café solide qui m’excitait un peu.

— Je vous laisse bavarder.

C’était le bon moment. Tandis que nous causions, on entendait : boum… boum… les coups de pied que lançaient des joueurs de foot-ball sur un terrain tout près. Puis un hurlement sauvage quand la balle touchait le but. Ce vacarme agaçait Charles. Il lui gâtait ses dimanches. Il m’agaçait aussi. Pourtant il se mêlait si bien à nos entretiens