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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/15

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mes amis. Je n’en ai plus, je n’en veux plus. Pour mes parents ? Je suis bourré de secrets que je confierais à n’importe qui, sauf précisément à mes parents. Pour les médecins ? Hum ! À force d’en voir, ces Messieurs savent une fois pour toutes ce qu’est la vérité : qu’elle est un bras, une glande, un ulcère et pour le reste une bulle en l’air vers laquelle chacun souffle une autre bulle. Écrire pour eux ! Je deviendrais un cas.

Alors, si tout simplement j’écrivais pour n’importe qui ? Ou pour moi. Comme en promenade quand on a perdu sa canne, revenir en arrière, fouiller les buissons et, de niaiseries en niaiseries, refaire ses pas, chercher.

Finissons-en d’abord avec la question qui m’a conduit ici. Je ne suis pas fou. Les vrais fous qui sont ici, ragent et se démènent en hurlant : « Je ne suis pas fou ! Je ne suis pas fou ! » Moi, je le dis, je l’écris avec calme. Cette phrase, si je ne me retenais, je l’écrirais mille fois, sur mes murs, dans mes cahiers, et jusqu’à la dernière, ma main resterait calme. Ce serait à tenter. Bien entendu, il y a certaines choses. On n’a pas eu tort de m’envoyer ici. Maman y a passé. Elle s’en est tirée. Pourquoi ne m’en tirerais-je pas ?

Je me souviens d’un film. Dans la caverne