Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/159

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Le dimanche, je revins. Je ne savais toujours pas ce qui me faisait agir. Pendant le café, je me postai devant la fenêtre. J’eus de l’impatience, parce que certain fait tardait à se produire.

— Vous aimez bien ce coin, me dit la mère.

— Oui, Madame.

— Oh ! ce n’est pas comme à Paris. Il n’y a guère de passants.

Un seul suffisait. Ou plutôt une passante. Quand Mlle Jeanne arriva, je remuai les rideaux. Ce fut en vain. Elle ne tourna pas la tête. Cela m’agaça aussi fort, même plus qu’autrefois quand je remuais ces rideaux pour qu’elle remarquât Charles.

Le dimanche suivant, je craignis d’importuner la maman. Je restai chez moi à lire. Quand ce fut à peu près le moment où Mlle Jeanne là-bas marcherait devant la maison, je ne sus plus ce qui se passait dans mon livre.

Je retournai le dimanche suivant et ensuite, d’autres dimanches. Aller à Bagneux, attendre le regard de cette demoiselle, enrager de ne pas l’obtenir, devint une habitude. Pendant la semaine, je me sermonnais : « Qu’est-ce que cela peut te faire qu’elle te regarde ? » Je voulais. Je retournais et toujours pour rien. À la longue, j’eus honte de