Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/181

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d’un placard, la théière, deux tasses, une troisième qu’elle prit sur une console et nettoya en y soufflant son haleine : pour l’invité évidemment. Dupéché ne s’occupait pas de moi. Une de ses jambes pendait. Le pied en bougeant faisait son bruit de cuir. C’était agaçant. J’affectais de suivre avec le plus vif intérêt les mouvements de sa Louise. Je tenais mon sourire prêt. Plus le sourire de tantôt pour le rouge confusion. Un autre, presque implorant, celui de Bagneux, quand Mlle Jeanne approchait. Une cuiller tomba. Je la ramassai. On ne me dit pas merci. Le réchaud allumé, elle se tourna vers Dupéché et le rejoignit sur le divan. Ils se prirent aussitôt dans les bras.

Qu’est-ce que je faisais là ? De ma chaise, je ne pouvais pas ne pas les voir. D’ailleurs, ils ne se gênaient pas. Je les regardai avec une certaine curiosité de bourrique. Une main à la ceinture de sa Louise, Dupéché lui soulevait la tête, les doigts écartés parmi les cheveux. Leurs bouches s’avançaient l’une vers l’autre, comme deux choses molles qui se cherchent et s’aplatissent dès qu’elles se rencontrent. Écrasé contre une joue, le nez de Dupéché pliait par le bout. Tous deux fermaient les yeux. Par moment il ouvrait les siens et s’écartait un peu pour