Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/183

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À un moment Dupéché, relevant la tête comme pour souffler, me fit, par-dessus l’épaule de sa Louise, un long clin d’œil. Ce signe reproduisait si nettement les miens dans le bar à notre première rencontre, qu’il ne pouvait être qu’une revanche. Il disait clairement : « Tu nous gênes. Va-t’en… » Sans un mot je me levai et me retirai sur la pointe des pieds. En bas, je dus déverrouiller la porte. De colère, je la laissai grande ouverte. « S’ils croient être chez eux. » Puis cela me parut méchant. Je refermai de mon mieux. Là-haut, ils s’étreignaient sans doute, elle les jambes nues comme celles de ma tante, lui Dieu sait en quelle ignoble attitude, tandis que la bouilloire, plus heureuse que moi, répandait en pleine colère son eau chauffée pour rien. Je me dis :

— Hue ! bourrique.

Dupéché, le lendemain, me reprocha d’être parti « comme si j’avais le feu quelque part ». J’ai déjà dit qu’entre nous les mots n’avaient pas le sens anodin qu’on pourrait leur découvrir. Je le constatai ce jour-là. Avec un air de plaisanter, je levai les doigts à la façon de Charles :

— Primo, c’est la bouilloire qui avait le feu quelque part…

Il rit.