Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/184

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— Secundo, dis-je en me montant, je ne sais si tu as voulu prendre une revanche, mais tu m’as regardé comme ceci…

J’abaissai une paupière.

— Oui, repris-je avec colère, ainsi…

Et parce qu’il semblait ne pas comprendre, je montrai l’œil, violemment avec le pouce — un peu comme ici pour mes tics.

Il pouffa :

— Sacré Marcel ! Toujours voir des perce-oreilles ! Tu vas te blesser.

— Perce-oreille toi-même, pensai-je prêt à lui tourner le dos.

— Viens boire un verre.

J’allai. Mon corps tremblait de colère.

Résultat de ce thé manqué : le premier dimanche que je me retrouvai devant Mlle Jeanne, je la considérai d’une façon différente. Eh ! eh ! où avais-je vu que son nez était fait n’importe comment ? Très beau ce nez, très fin, des ailes délicates. Elle marchait avec beaucoup de grâce, les yeux bleus, pas « insignifiante » du tout, et dans la joue, comme la poupée de l’autre, elle montrait un petit creux où… Je me ressaisis. Qu’est-ce que je pensais là ? L’ancienne amie de Charles ! Je ne savais que trop d’où me venaient ces vilaines idées. Mais c’était fini. Je m’étais assez avili à me planter ainsi sur son chemin.