Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/189

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On la répéta trois fois. À la troisième, Dupéché surgit tel que je l’avais vu tout à l’heure. Il se dandinait sur la pointe des pieds, à la façon de M. le Curé, mais ses chaussures ne craquaient pas. Il traversa la chambre dans toute sa longueur, cligna de l’œil, une fois, deux fois, disparut.

Maman prétend que cette nuit encore elle dut m’éveiller à cause d’un mauvais rêve. Ouais ? Ce qui est sûr, c’est que « le mauvais rêve » passé, je m’endormis avec calme. Je savais comment je devais agir. Dupéché me l’avait signifié.

Je laissai paisiblement s’écouler la semaine. Avec intention, Dupéché m’avait donné un dimanche de répit. Je l’employai bien. Avant midi, je débarquais à Bagneux. Il ne s’agissait pas cette fois d’obtenir un regard de Mlle Jeanne. Pour rien au monde je n’eusse voulu la rencontrer. Je sonnai chez la mère de Charles. Surprise ou non, en deuil ou non, je ne m’en souciai pas. « Pourvu qu’elle me retienne à déjeuner ». Au moment du café, je repris notre poste à la fenêtre. J’étais comme les hypnotisés que l’on manœuvre, paraît-il, à distance.

— Madame Corbier.

— Quoi donc, Marcel ?

— Cette demoiselle, là, sur le trottoir, la connaissez-vous ?