Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/191

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le texte, tant j’étais peu sûr de moi. Puis j’en commençai une autre, une vraie, mais pour un ami qui n’existait pas. Je racontai quelques menus faits d’où il résultait que j’étais un bon garçon, digne de confiance. Ensuite je passais à Mlle J. D., l’amie de Charles. J’avais à lui parler. Elle me semblait si distante ! Je n’osais l’aborder. Ce fut cette lettre que je glissai sous l’enveloppe de Mlle Dupré. Ainsi, elle serait renseignée d’une façon indirecte, d’autant plus convaincante.

Ma lettre à peine à la poste, la boîte qui l’avait avalée se mit à rigoler avec sa grande bouche. Niais ! J’avais été niais et, de plus, vil. Mon plan d’ailleurs ne résolvait rien. Le premier pas resterait à franchir, celui précisément où je trébuchais. Que l’on se moque de moi, si l’on veut : toutes mes angoisses me reprirent. Ah ! ce dimanche, s’il pouvait ne pas arriver.

Le lundi, comme de juste, je revis Dupéché. Je me gardai de lui montrer mon inquiétude. Comme il ne parlait de rien, je pris les devants :

— Alors cela tient toujours ?

— Quoi, tient toujours ?

— Notre petit voyage, dimanche.

— Si tu veux, fit-il, avec sa fausse indifférence.