Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/192

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Je me frottai les mains comme pour une bonne partie. Au fond de moi, je pensais au prometteur de la fable : « D’ici là, le roi, l’âne ou moi serons morts. » Je me fusse sacrifié volontiers.

Dupéché me tint à l’œil tous les jours. Le samedi, ni l’âne, ni le roi, ni moi, n’étions morts. On prit le thé chez sa Louise.

— Alors, fis-je, c’est pour demain ?

— Quoi pour demain ?

— Le voyage.

— Si tu veux.

Je pris un air ravi :

— Évidemment, mon vieux, pour demain.

Dans mes jambes, mes muscles se tendaient comme le jour où j’avais voulu le battre. À ce moment, la poupée se planta devant moi, avec ma tasse de thé. Son œil, ainsi qu’il lui arrivait souvent, loucha une seconde. Une idée me vint : « Si elle nous accompagnait, ce serait le comble. » Déjà, je la formulais :

— Et vous, Mademoiselle, me ferez-vous le plaisir ?

Je sentis un froid comme si je promenais au long de mon bras un couteau en m’imaginant le mal que j’aurais.

— Une autre fois, dit-elle. Dimanche, je ne suis pas libre.