Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/193

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J’appuyai davantage le couteau :

— On se libère, Mademoiselle. Une promenade à quatre, ce serait charmant.

— Impossible, vraiment.

— Mais si.

Un rien de plus, la lame entrait. J’eus du moins cette chance : qu’elle refusa.

On parle de la dernière nuit des condamnés à mort. J’eus une nuit de ce genre. Quand je pensais « demain » je sentais comme un coup au bas de l’épine dorsale. En outre, il me venait des idées enrageantes à force d’être stupides. Il me restait quelques heures. Pendant ce temps la queue d’une comète pouvait balayer la surface de la terre, avec tous les gens qui se promenaient dessus et par conséquent Dupéché. Ce Dupéché, en sortant de chez sa poupée, pouvait subitement tomber mort. Cela existe, la mort subite. Ou bien sa Louise. Ou bien moi. À un moment, je perçus le grignotement de ma montre dans ma poche. Tic-tic-tic-tic, ce qu’il y en avait ! Cela me rappela un autre tic-tao que j’avais entendu certaine nuit pendant que dans la chambre à côté montait le cri de maman. Si, brusquement, ces cris recommençaient. Maman serait malade, tant pis ! Dupéché n’aurait plus prise sur moi. Je repoussai cette pensée. Quand même je l’avais eue. Je l’avais