Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/198

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farfouillait dans son sac après ma lettre :

— Laissez cela, Mademoiselle. Je suis… j’ai… Depuis longtemps, je désire vous parler. Je suis un ami de…

Je montrai la maison. La main qui cherchait dans la sacoche, en sortit sans rien. Le visage cessa d’être rouge.

— Oui, j’aurais voulu vous dire… Il me parlait souvent de vous.

Elle ne répondit pas.

— Peut-être ne le saviez-vous pas. Que de fois, il vous a guettée de sa fenêtre ? Quand vous passiez, il souhaitait être votre chien.

— Mon chien, pourquoi ?

— Afin d’être quelque chose pour vous.

Je ne voudrais pas que l’on puisse penser une seconde, que Mlle Jeanne fût une indifférente ou une oublieuse. Au vrai, entre Charles et elle, il n’y avait jamais eu de fiançailles, ni de promesses. Simplement quelques rencontres, un bout de chemin que l’on fait ensemble. Bref mon brave Charles si raisonnable, qui l’aimait certainement, s’était monté le cou comme un simple Marcel. Bien que je l’ignorasse alors, notre entretien s’en trouva à peine faussé.

Mon ton sincère lui avait donné confiance.

— Ce que vous m’apprenez est si bizarre ! S’il vous parlait de moi, il a dû vous dire, il