Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/204

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l’avait pas lue. « Laissez cela, Mademoiselle. » Tiens mais ! Elle ne me l’avait pas rendue. La lettre était restée dans sa sacoche. Dimanche prochain quand elle sortirait, ce papier serait encore dans sa sacoche. Alors ?… Alors si j’allais ? Mais non. J’avais obtenu plus que je ne voulais. Pourquoi retourner ? « Je n’irai pas… je n’irai plus… » Je savais bien que j’irais…

La semaine me parut longue. Mais quelle paix ! Une force vivait en moi.

— Tu chantes, mon petit ?

— Oui, maman.

En effet, je chantais ! Je marchais dans les rues et que je fusse une bourrique, Jeanne, vous ne savez pas, Mesdames, Jeanne m’avait parlé. J’étais au bureau et que mes chiffres ne fussent pas de haut en bas ce qu’ils étaient de gauche à droite, je m’en moque, Poncin ; dimanche, je verrai Mlle Jeanne. Je revis Dupéché et si sa réserve me parut suspecte, s’il me dégoûta à vautrer son long nez dans le rouge-confusion de sa Louise, allez-y, tant qu’il vous plaira, moi dimanche…

Il arriva ce dimanche. Je me pomponnai :

— Eh ! Eh ! petit, on va revoir les tilleuls ?

— Oui, maman.

— D’une semaine à l’autre, les tilleuls se fanent, fit papa.