Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/205

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Eh ! non, ils n’étaient pas fanés. Quand Jeanne arriva, ils fleurissaient en plein ; quand elle m’aperçut, ils embaumèrent ; quand elle ne parut pas surprise, il y eut cent mille tilleuls parfumés dans mon cœur.

Je flattai sa Kira : « On se connaît, mon ami. »

— Pardonnez-moi, Mademoiselle. Je me suis aperçu que vous… que j’ai… que je n’ai pas repris ma lettre. Elle vous embarrasse peut-être.

— En effet. Je l’ai là.

Elle me la tendit hors de sa sacoche. Je la déchirai en petits morceaux, pour le vent. L’avait-elle lue ? Elle porta son regard sur moi. Il était doux. Il ne m’en voulait pas. Elle me parut consentir à ce que je l’accompagnasse un peu. « Jusqu’au bout de la rue, disaient ses yeux… Ou jusqu’au bout de la suivante… » Si l’on pensa à Charles, à quoi bon renouveler une peine ? Je montrai les tilleuls.

— C’est bon, dis-je, de respirer ce parfum après une semaine de Paris !

Cela me permit de parler de mon bureau, de mes chiffres.

— Ah ! dit-elle, vous faites des calculs. Moi, je donne des leçons. J’aime beaucoup mes petites élèves.

Je n’osai lui demander quelles élèves. Nous