Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vîmes ainsi beaucoup de rues. À la fin, je voulus montrer que je n’abusais pas. Je m’arrêtai. J’avançai la main un peu. La sienne m’arriva franchement.

— Mademoiselle.

— Monsieur.

Quand je fus seul, cette rencontre me parut si bonne, si délicate, que je craignis de l’avoir gâtée par quelque mal. Je m’interrogeai. Je pus répondre non. Pourtant, je n’étais pas tout à fait tranquille…

Voilà ! Les tilleuls en effet perdirent leurs fleurs. Je pus m’en rendre compte, de dimanche en dimanche. Kira m’apercevait la première et accourait.

— On est copain, nous deux. Tiens ! ton morceau de sucre.

— Jusqu’au bout de la rue, disait le regard de Mlle Jeanne.

Mais toutes les rues ont un bout. Elles en ont même deux, quand on parvient à l’un on peut retourner vers l’autre. Elle s’étonnait de moins en moins de me rencontrer. Après quelques fois, ne plus me rencontrer l’eût étonnée davantage. Il m’en venait des suggestions à la Dupéché : « Elle s’attend à te voir, si tu n’allais pas. » Nous parlions de tout, sauf de… Oh ! il était entre nous, mais dans son rôle de « malheureux ». Aucun de