Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieu. L’ours quand il jetait sa pierre, roulait jusqu’au bas dans le trou où l’attendent les hommes. Moi, j’avais jeté ma pierre et je restais debout : debout en sortant du confessionnal, debout dans l’église, debout devant Dieu.

Je récitai ma pénitence. Autrefois cette prière me replongeait dans mes scrupules : je n’en ressentis aucun. Je remontai la rue de Saint-Louis. « Qu’elle est belle, la rue, quand on a sur les lèvres le goût du miel qu’est le pardon de Dieu ! Salut, boulanger ! Salut, mercière ! Salut, boucher ! Sal… »

Un doigt me toucha l’épaule.

— Eh bien ! On a peur ?

« On a peur. » Une autre façon de dire : « Ne crains rien. » Je n’eus pas besoin de me retourner. Sa pochette était rouge, sa bouche comme sa pochette et son sourire aussi était rouge.

— Dupéché, fis-je, laisse-moi.

— Comme tu es parti hier ! Je viens de chez toi. As-tu passé une bonne nuit ?

— Bonne, mauvaise, tu sais ce qu’elle a été. Mais c’est fini.

— Quoi fini ?

— Tout cela. Je ne recommencerai plus.

— Sacré Marcel ! Ça va ! ça va !

Comme toujours, nos mots s’élevaient à