Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/237

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juste. J’ai pensé que… C’est-à-dire, je n’ai rien pensé, j’ai tout repoussé, parce que cette pensée était laide.

— Quand même tu l’as eue. Et si Jeanne n’existait pas, te réjouirais-tu autant de ne plus être une bourr…

— Dupéché, je te défends.

— Bon ! bon ! quand même, tu ne l’as pas dit. Alors, ta confession, peuh !

Je m’aperçus alors qu’avec ses façons de surgir et disparaître, Dupéché n’était plus là ; que depuis un long moment, questions et réponses, je divaguais tout seul. Des gens me regardaient. Je n’en continuai pas moins :

— Oui, peuh ! Ratée et mauvaise. Ta pierre, Marcel, tu ne l’as pas jetée ; ton bloc, il t’est retombé sur le museau ; et le miel de Dieu, pas pour toi, mon bonhomme. Rien à faire… Mais Jeanne ! Tu as péché cette nuit contre Jeanne. Évidemment, vous êtes des amis. Elle est libre, tu es libre. Quand même, pendant que tu étais dans la chambre de Nelly, elle était dans la sienne, seule. Et toi…

Cette idée je l’avais déjà eue : elle me remplit la tête à la faire sauter. « Ah ! pensai-je, ce que j’ai raté avec Dieu, le recommencer avec Jeanne. Je me jetterai à ses genoux ; je lui avouerai tout. Tout ? Que j’ai menti ?