Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/238

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Que j’ai triché avec mes lettres ? Mes pensées ? Le reste ? » Jamais, je n’eusse osé.

— Du moins, me dis-je, je pourrai réparer. Réparer… réparer…

Je répétais le mot. Je ne savais trop ce que je voulais dire. En passant, j’aperçus un marchand de fleurs. J’achetai des roses. Je courus jusqu’au tramway.

Pas encore couchée, Jeanne lisait. Elle vit tout de suite mes fleurs :

— Comme vous êtes gentil. Vous n’auriez pas dû.

Je sursautai :

— Pas dû !… Qu’est-ce que je n’aurais pas dû ?

— Vous êtes drôle ! Pas dû m’offrir ces fleurs.

— J’ai tellement pensé à vous : hier, cette nuit, aujourd’hui.

Et à part moi :

— Menteur. Tu es venu pour avouer et tu joues ta comédie.

— Vous avez pensé à moi ? demandait Jeanne.

— Oui. Il me semblait que vous étiez malade, ou triste, à cause de moi… Je voudrais tant que vous n’ayez pas été triste.

Ce cri du moins était sincère. Elle eut son regard d’infirmière compatissante.