Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/250

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répondait. Cela m’apaisa. La noce était déjà arrivée. Très entouré, sa femme au bras, Dupéché se laissait aduler avec des airs de coq, que son mariage avec une simple Louise justifiait peu. Il avait supprimé sa pochette. Ses chaussures, par exception, ne grinçaient pas. Au doigt il portait un cercle d’or, d’autant plus provocant qu’il avait enlevé ses autres bagues. Il me serra les mains. À son air affectueux, je n’aurais pu me douter du malheur qu’il me préparait, mais on voyait qu’aujourd’hui était le jour de son triomphe. Il exagéra son respect pour s’incliner devant Jeanne. Il me fallut bien le nommer :

— Mon ami Dupéché.

Je devins très rouge. Louise ne s’était pas mise en blanc, en quoi elle montrait une certaine pudeur. Je regardai Jeanne : elle eût été en blanc, elle ! Les deux femmes s’embrassèrent, ce qui m’étonna :

— Tu la connais, Jeanne ?

— Je la vois pour la première fois. Mais puisque c’est la femme de ton ami.

— Oh ! mon ami…

Mon ton dédaigneux la surprit. Je ne lui avais jamais expliqué ce que m’était en réalité cet ami. Je compris mon tort.

Sur une table attendaient, serrés les uns contre les autres une quantité fabuleuse de ver-