Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/255

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je cessasse. Ce fut Jeanne qui m’arrêta. Après les autres discours, Dupéché se levait simplement et choquait les verres. En mon honneur, il les fit tous remplir. Nous bûmes à la même seconde. Le pied de son verre masquait d’un rond le milieu de son visage. Mais les yeux apparaissaient au bord. Je vis nettement l’œil gauche me chercher, tandis que le droit jouait de la paupière à deux reprises. Ce procédé me froissa. Je dus me contraindre ; je lui eusse envoyé mon vin en pleine figure. Jeanne, je crois, devina tout. Quand je me rassis, elle était très pâle.

Après cela, on se leva de table. Je marchais toujours sur la planche de Pascal. Les choses me semblaient troubles et tournoyaient. Évidemment, je n’avais pas tenu compte des avis de maman. Mais trop d’impressions contradictoires m’avaient bousculé. De nouveau, je voulus oublier tout le mal. Ce bon Jacques ! Comme il nous régalait ! Quel bien-être autour de lui ! Et voilà qu’il s’empressait pour qu’on ajoutât à ce bien-être, la joie des liqueurs, du café, de la musique ! J’étais heureux, les autres étaient heureux, il fallait que ceux du dehors fussent aussi heureux. J’organisai des collectes : une collecte pour les serveurs, une collecte pour les pauvres, une collecte pour…