Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/257

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Cependant je me voyais et me traitais de pitre. Très excité, je finis par improviser une danse avec des écarts, des balancements comme si je cherchais mon équilibre sur une planche. Je la dansai seul. On faisait le cercle : « Ils ne savent pas ; ils me trouvent amusant : je danse le pas de Pascal. »

— Je ne te connaissais pas sous cet aspect, me dit Jeanne.

Dans l’état où je me trouvais, il m’eût été impossible de distinguer un blâme d’un compliment. Je pensai au soir où, m’agenouillant à ses pieds, j’avais renoncé au sceau. Un horrible besoin me prit d’avilir ce souvenir :

— Oh ! fis-je, et il y en a bien d’autres.

Je regrettai aussitôt cette méchanceté. Malgré cela, j’attirai Jeanne contre moi, grossièrement en lui cherchant les lèvres. Je n’oublierai jamais son regard…

C’est à ce moment que Dupéché intervint. Je raconte les faits tels que je les vis alors, qu’importe si je les vois autrement, à présent. Faire la bête m’avait essoufflé. Je m’étais assis sur une banquette. Croyant honorer les mariés, le pianiste entamait la marche nuptiale de Lohengrin. Dupéché en chevalier du cygne, tout de même non ! J’en oubliai Jeanne. Quand je voulus lui parler, je ne l’aperçus plus. Je regardai autour de moi.