Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/259

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s’interposa. Quand il se fut éloigné, Louise était arrivée à la rescousse. Elle se pendit au bras de son mari. Ils restèrent sans bouger comme s’ils posaient devant le photographe. Puis tous deux en même temps, interpellèrent Jeanne. Elle rougit.

— Oui… oui… oui… répondit sa tête.

Et leurs six yeux sur moi.

J’eus froid. Pour ma raison, ce qui se passait n’avait guère de sens. Tout au plus, entrevoyait-elle la suite d’une manigance qu’elle avait devinée déjà. Pour mon instinct, tout fut clair : « Ils la circonviennent : ils complotent contre toi. Il faut intervenir à tout prix. »

D’un grand effort, je me dressai, chancelant un peu. Des danseurs se groupèrent, peut-être à dessein de me barrer le passage. Je commençais à haïr ces gens-là. J’eus le temps de récapituler ce que j’avais vu : le regard faux de Dupéché, son air de coq, le non de Jeanne, puis son oui. Un oui à Dupéché ! Je crus que j’allais vomir.

Je me jetai au milieu de la salle en jouant des coudes. J’avais l’impression de lutter contre des vagues. Ce que j’éprouvais est difficile à expliquer. Sans parler du reste, je pensais à ma danse sur la planche de Pascal. Mes sensations en devenaient troubles,