Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/264

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peu bu ; mais tu es fort, Marcel, en pleine sécurité. » Dupéché ? Jeanne ? Ah ! Ah ! Ces gens n’avaient qu’à me laisser tranquille. Elle avait dit non, ensuite oui ? Et après ? Je prenais l’air, moi, les mains en poche, les pans de mon manteau ramenés devant moi. J’avais rudement bien dansé tantôt ! Bien dansé, bien chanté. « Tiapa fais dodo. » Curieux que ce pianiste eût reconnu tout de suite une chanson russe, « Tiapa fais dodo… l’enfant s’endormira tantôt. » Non, ce n’était pas cela. « Tiapa, fais… » Mais pourquoi le sol filait-il si vite sous mes yeux ? Et puis je haletais. Et puis… Quelle était donc cette affaire qu’il me fallait débrouiller ? Une affaire importante. Une affaire de… et pas moyen de me la rappeler. Si seulement ce pianiste consentait à se taire. Et ce monstre à quarante têtes qui hurlait de faim. Et ce bonhomme qui jacassait : « Messieurs, je lève mon verre, Messieurs je lève mon verre, Messieurs je… » Lève ton verre, mon bonhomme et tais-toi. Comment réfléchir dans ce vacarme ?

Et voilà qu’au-dessus de ce bruit une voix s’imposa.

— Traître ! Tu as abandonné Jeanne ! Traître !

Oh ! cette voix ! La noce, ma fuite, Jeanne,