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VIII
bismarck

Si les Allemands avaient médité les Pensées et Souvenirs, ils n’eussent pas commis l’énorme faute de 1914. Bismarck avait montré l’écueil qu’ils devaient éviter. Il expliquait à ses successeurs pourquoi l’alliance avec l’Autriche avait été conclue, pourquoi elle devait être conservée. Mais il leur recommandait expressément de ne jamais faire la guerre sur un prétexte autrichien, s’ils ne voulaient pas exposer l’Allemagne à une de ces coalitions dont il avait, lui, le cauchemar. Si Guillaume II avait mieux lu les mémoires de Bismarck, son trône et le traité de Francfort dureraient toujours. Stresemann les lut, s’en pénétra, y trouva des leçons pour tirer de l’abîme l’Allemagne vaincue.

Nous nous représentons toujours un Bismarck brutal. Il ne commença à frapper du poing sur la table que le jour où il fut le plus fort. Et même à ce moment-là, il professait que la force s’émousse par un usage continu. En 1871, pendant les négociations de paix où il céda Belfort à Thiers, il disait à son secrétaire Moritz Busch avec un cynisme jovial :

« Quand on frappe un peu longtemps sans discontinuer, cela ne fait pas grand’chose ;