en psychologue. Il en fait le portrait suivant, qui ne manque ni de justesse ni d’esprit :
Puisant probablement dans son âge déjà avancé une ardeur très vive de fonder la République avant le temps marqué par le pacte de Bordeaux, penchant vers la gauche dans la crainte de ne pas trouver de la part des conservateurs la complaisance exigée par ses vues personnelles et ambitieuses, ne tenant aucun compte des déclarations pacifiques et conciliantes de M. Dufaure, son ministre ; ni de l’adhésion que ce discours avait obtenue dans les rangs de la droite ; pour toutes ces causes M. Thiers a rebuté les conservateurs et, ceux-là s’éloignant de lui, il n’a plus trouvé que l’appui de la gauche, c’est-à-dire, à un petit nombre d’exceptions près, des républicains de vieille roche, dirigés au fond par Gambetta et pour la forme seulement par lui. Tant qu’il était resté le chef du pouvoir exécutif, il avait appuyé la barre du gouvernail de leur côté ; une fois descendu du pouvoir, il ne gardera plus aucune retenue ; il cessera même ses relations privées avec ses anciens amis conservateurs et se livrera tout à fait aux républicains, à qui il confiera le soin de sa vengeance contre ceux qui l’ont dépossédé de la direction de l’État.
Je l’ai déjà dit : absent de l’Assemblée à peu près, étranger à ses discussions, encore plus étranger à ce qui se passait dans ses coulisses, où l’on apprend bien plus la vérité sur les choses et sur les hommes que dans la salle des délibérations, insuffisamment renseigné par mes amis qui, ne voulant voir en moi, par patriotisme, que le diplomate, et non pas le député, se gardaient de distraire mon attention de la situation extérieure, influencé peut-être à Berlin plus que je ne le soupçonnais par la valeur politique qu’on y donnait à M. Thiers et par le désir très vif de voir la direction des affaires entre ses mains, je discernais beaucoup moins bien et les fautes en général et l’attitude du président que je ne l’ai fait plus tard. Cependant, dès ma première entrevue avec lui, quand il m’offrit l’ambassade de Berlin, et pendant