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Page:Bainville - Bismarck.djvu/195

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Cette correspondance nouvelle fait savoir que la comtesse de Mercy-Argenteau, Française de naissance (elle était la petite-fille de Mme Tallien) mais Autrichienne par son mariage, — son mari, il est vrai, se fit naturaliser plus tard, — avait mis ses relations et son activité au service de la cause bonapartiste et fut plusieurs fois chargée de missions importantes. C’est elle qui remit à l’empereur Guillaume une lettre que Napoléon III lui avait confiée en la priant « de porter, comme la colombe, un message de paix ».

Les tentatives faites par Napoléon III auprès de Guillaume Ier et de Bismarck n’aboutirent d’ailleurs pas. Ce qu’il est intéressant de retenir, c’est l’état d’esprit dont elles témoignent chez le souverain détrôné. Il s’était expliqué à son ambassadrice de ses idées sur les événements et du caractère de la mission dont il la chargeait. Une longue lettre, entre autres, datée du 4 février 1871, est significative. Elle montre à quel point le sens pratique, le jugement politique, manquaient à Napoléon III, avec quelle force, malgré la leçon des événements, subsistait en lui l’esprit de chimère.

Après avoir tout perdu, et la France avec lui, dans une défaite qui était le résultat d’une longue série d’erreurs et de fautes, ce « rêveur couronné », ainsi qu’on l’a si bien nommé, ne renonçait pourtant pas à ses rêveries. Le cosmopolitisme et l’humanitarisme, qui avaient inspiré toute sa politique des nationalités, l’aveuglaient encore après des coups si rudes. Il est peut-être le seul des Français dont