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Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/10

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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

Territoires, frontières, argent, ce qu’il apporte est inférieur à ce qu’on avait généralement espéré. On a remarqué partout que nous n’avions même pas retrouvé les limites de 1814, mais celles de 1815, celles de Waterloo, dont le peuple français avait si longtemps ressenti l’humiliation. Il est devenu banal, tant l’évidence est forte, de dire que cette paix est « au comptant » pour l’Angleterre et qu’elle est « à terme » pour nous. Enfin M. Millerand, qui a hérité de ce qu’il n’avait pas fait, a prononcé le jugement définitif après quelques mois d’expérience lorsqu’il a déclaré à la tribune que le traité de Versailles, malgré les longues et minutieuses dispositions qui sont destinées à assurer la réparation de nos ruines et de nos dommages, était « plus lourd de promesses que de réalités. »

Il eût été possible de concevoir une sorte de paix qui ne nous eût pas donné tout ce que nous désirions, mais qui nous eût payés d’une autre manière. Une paix, par exemple, qui, nous attribuant sur le papier moins de milliards, nous en eût laissé de réels en diminuant nos charges militaires dans une mesure considérable et en libérant notre jeunesse de la conscription. Le bénéfice eût été indirect mais il eût été immense. Des conditions propres à en finir avec le régime barbare de la paix armée étaient le premier résultat vers lequel il fallait tendre. Nous eussions largement et rapidement regagné en sécurité, en tranquillité et par l’affranchissement d’une terrible servitude les sacrifices consentis