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CHAPITRE viii

L’IMBROGLIO ADRIATIQUE

Des Italiens intelligents, nationalistes pour leur pays, nous ont dit bien des fois qu’ils comprenaient à merveille que l’ancienne poli­tique française, dont Thiers a été le dernier représentant, fût opposée à l’unité italienne : on ne doit pas travailler à établir auprès de soi de grandes puissances. Mais, en 1914, l’unité italienne était un fait accompli et il n’y avait qu’une chose à tenter, celle que M. Delcassé avait préparée dès 1902 : obtenir la neutralité de l’Italie au cas d’une guerre franco-allemande. La neutralité étant un état incertain, il était encore mieux que l’Italie entrât dans la lutte du même côté que nous, et que la rupture avec ses alliés d’autrefois fût consommée. C’est ce qui s’est produit, grâce à un concours heureux de circonstances, grâce au patriotisme italien qui, dans l’intervention, avait vu le moyen d’achever le programme national : on aurait dû s’en souvenir. Les conditions que l’Italie avait mises à sa nouvelle alliance, conditions qui sont inscrites dans le traité de Londres, parlent