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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

conflits. Les Italiens ont été longs à découvrir la cause du mal. Ils s’y sont mis, peut-être un peu tard. Plus d’un an après que M. Orlando et M. Sonnino avaient rompu avec le Conseil suprême pour se résigner ensuite et pour tomber du pouvoir enfin, la presse italienne a fini par donner cette image fort exacte de· la situation dans laquelle l’Italie a été placée par la disparition de l’Autriche :

En ce qui nous concerne, la Yougo-Slavie est purement et simplement l’héritière de l’Autriche avec cette circonstance aggravante que l’Autriche-Hongrie, grand État dualiste, contenant plusieurs nationalités et ayant quatre frontières, suivait nécessairement une politique assez compliquée, où l’opposition à l’Italie ne représentait qu’un seul élément, non le plus important, et qui se trouvait d’ailleurs largement contre-balancée par d’autres en notre faveur. C’est précisé­ment pour cela que l’État autrichien, nonobstant les pressions exercées sur lui par des groupes politiques influents et les conseils des chefs militaires, s’était toujours abstenu de se brouiller avec nous. Mais la Yougo-Slavie, au contraire, considère l’Italie comme son principal ennemi ; elle possède du côté de l’Italie sa frontière la plus étendue et la plus importante, ainsi que ses plus grands points de froissement ; et c’est contre nous qu’elle concentre la plus grande somme de passion nationale, réunissant, par l’aversion envers l’Italie, et par le programme anti-italien, les graves divergences des trois peuples qui la composent[1].

Est-ce tout ? Ce serait trop simple. Ce serait

  1. Luigi Salvatorelli, Stampa du 21 juillet 1920.