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HYPOTHÈSES ET PROBABILITÉS

l’entendait le prince de Bülow. Car un conservateur bavarois se sentirait plus d’affinités avec une France conservatrice qu’avec une Prusse socialisante. Le particularisme, entretenu jadis par les querelles de religion, le serait encore, toujours d’après le jugement que le prince de Bülow portait sur les Allemands en temps calme, par « la lutte des états sociaux et des classes ».

En d’autres termes, l’unité de l’Allemagne tiendrait à l’identité des sentiments et des idées politiques entre les groupes principaux des populations qui composent l’Empire. Dans une Allemagne ordonnée, les Bavarois conservateurs sont satisfaits, fidèles, aussi nationalistes et pangermanistes que les vieux Prussiens d’outre-Elbe. Dans une Allemagne anarchique ou socialiste, la Bavière conservatrice deviendrait un corps étranger qui obéirait vite à ses tendances particulières. Dans cette mesure, les observations pessimistes des deux chanceliers gardent leur prix.

Mais si l’Allemagne continue à se consolider, ce sera encore par le gouvernement de Berlin et elle se retrouvera peu à peu dans un état sensiblement pareil à celui où elle était en 1914. Des deux images qu’elle a devant les yeux, celle de l’Empire puissant et prospère et celle du chaos qui a suivi la révolution, il y a gros à parier que la première sera la plus forte. Pour la réaliser, l’administration et la tradition prussiennes seront aussi les mieux désignées. C’est