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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

pourquoi il est très peu vraisemblable que la Bavière, comme quelques personnes sont portées à le penser, puisse un jour prendre la tête d’une réorganisation de l’Allemagne. Elle n’a aucun des moyens qu’il faudrait pour une si lourde tâche. Il est même improbable qu’elle arrive seulement à diriger une fédération partielle des pays du Sud. Ce n’est pas que l’ambition lui ait manqué, au cours de son histoire, d’occuper la première place dans les pays germaniques. Elle n’y a jamais réussi. Le caractère de ses habitants, sa situation géographique, l’absence d’institutions civiles et militaires assez originales et assez vigoureuses pour un si grand rôle, la laissent dépourvue des aptitudes nécessaires à l’exercice d’une hégémonie. L’Allemagne améliorée par l’influence modératrice de l’élément bavarois est une chimère. L’élément bavarois ne peut être bienfaisant que s’il agit dans un sens particulariste, et nous avons vu à quelles conditions le particularisme pourrait se développer. D’ailleurs, et c’est un principe absolu, qu’elle ait sa capitale au Sud vu qu’elle l’ait au Nord, une grande Allemagne ne vaut pas mieux pour nous. La maison d’Autriche, contre laquelle la France a lutté pendant deux siècles, avait son siège principal à Vienne. S’il était possible que Munich succédât à Vienne et à Berlin, qu’y gagnerions-nous ? Seule une Bavière autonome et réfractaire à la Prusse serait digne d’attention et d’intérêt.