Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/190

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courageux face à tout ce qui les menace et dont ils ont terriblement conscience. On doit leur laisser le temps de se remettre de ce qui a suivi leur naissance. Certains adultes aussi ont dans les yeux le même étonnement devant cette vie ; il va de soi que par enfant, j’entends toute personne encore très proche de sa venue au monde. L’âge n’a rien à y voir.


Tu sais bien que je n’idéalise pas les enfants, il y a autant de jeunes cons que de vieux cons (même si la démesure chez certains adolescents peut paraître séduisante) et je me répéterai une fois encore en disant qu’il y a chez les jeunes autant de jeunes que de vieux, de toute façon.

Fernand Oury, critiquant une enquête que j’avais faite sur les lieux anti-scolaires, dit que l’adulte doit assumer de faire la loi (Oury est membre de l’École freudienne de Paris). Il parle d’Ivan qui, dans un internat de débiles, sodomise allégrement les petits qu’il terrifie ; il raconte aussi comment une classe de perfectionnement vote à l’unanimité moins une voix (celle d’Oury) la mort de Guy l’infernal. J’ai lu Sa Majesté des Mouches et Les Désarrois de l’élève Törless ; dans ces livres comme dans l’exemple de la condamnation à mort citée par Oury, les mômes respectent les règles de leur société. Qui a appris à voter à ceux qui décident de jeter Guy à la Seine ? Qui leur a enseigné les règles de la « démocratie » ?

Cruels, les enfants le sont dès qu’ils sont en société, dès qu’ils comprennent que la société s’oppose à l’individu. Pourquoi Oury s’effare-t-il de cette condamnation à mort ? Il devrait traîner un peu dans les bistrots ; ses mômes ne sont pas des procureurs pires que la plupart des Français.

Ivan sodomise les plus faibles. Il y a en France huit Ivan adultes par jour qui violent. Et la loi n’y change rien. Tous les assassinés, torturés, dépouillés l’ont été alors que la loi interdit d’assassiner, de torturer, de dépouiller. La loi, Fernand Oury, n’est rien, absolument rien face au désir de la transgresser. La loi ne joue son rôle inepte que pour celui qui n’a pas envie de l’enfreindre.

On ne peut interdire à un enfant ni à un adulte de nuire (on peut s’en protéger, on peut aussi vivre dans des conditions telles que ceux qu’on fréquente n’aient pas envie de nous nuire, etc.). Je ne tiens pas à m’égarer ici sur ce qu’est le crime ni la sanction dans notre société. Je voulais simplement redire que je ne croyais pas à un enfant édénique. Nous qui réclamons qu’on fiche la paix aux mioches sommes accusés d’être « rousseauistes » par des gens qui n’ont jamais lu Rousseau. On nous