Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/35

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demandé sur ce qui a pu causer un tel débordement (pas du président bien sûr, mais de la presse). Conclusion : la démocratie souffre d’un excès de démocratie. Je cite (c’est moi qui souligne) : « Plus un système est démocratique, et plus il est exposé à des menaces intrinsèques […]. Au cours des années récentes, le fonctionnement de la démocratie semble incontestablement avoir provoqué un effondrement des moyens traditionnels de contrôle social, une délégitimation de l’autorité politique et des autres formes d’autorité […]. »

Pour les auteurs du rapport, depuis ses origines et jusqu’ici, la démocratie avait fonctionné de manière satisfaisante parce qu’elle n’était pas réservée à tout le monde ; je cite encore et il y a de quoi être éberlué d’un pareil cynisme : « Le fonctionnement effectif du système politique démocratique requiert habituellement une certaine mesure d’apathie et de non-participation de quelques individus et groupes. Dans le passé, chaque société démocratique a eu une population marginale, numériquement plus ou moins importante, qui n’a pas activement participé à la vie politique. En elle-même, cette marginalisation de certains groupes est antidémocratique par nature, mais elle a été aussi l’un des facteurs qui ont permis à la démocratie de fonctionner effectivement. Des groupes sociaux marginaux, les Noirs par exemple, participent maintenant pleinement au système politique. Et le danger demeure de surcharger le système politique d’exigences qui étendent ses fonctions et sapent son autorité. »

Il est clairement dit ensuite que la liberté de pensée et de critique met en péril l’État et que certains se permettent même de réfléchir aux lois qu’on fait voter : « La valeur morale de l’obéissance aux lois dépend du contenu de la loi et non pas de la régularité de la procédure qui a permis de la voter. »

Le rapport dénonce alors les coupables, ce sont les penseurs. Parmi eux (car on n’est pas en France), les journalistes ; la presse, dit le rapport, « est une source très importante de désintégration des vieilles formes de contrôle social ».

Malheureusement, on n’a pas laissé filtrer les moyens de remédier à cet excès de démocratie. Dommage, ça nous aurait intéressés.


Je lutte contre l’État d’abord parce qu’il m’opprime (son droit est sa morale, sa force est par nature violente) et que j’ai besoin de mon intégrale liberté pour juger, seule, des limites temporaires qu’en vue d’une autre