Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/341

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scientifique, grâce aux soins paternels de tous les gouvernements et des classes privilégiées qui trouvent utile de les maintenir aussi longtemps que possible dans l’ignorance, dans la piété, dans la foi, trois substantifs qui expriment à peu près la même chose, elles ignorent également l’existence et l’usage de cet instrument d’émancipation intellectuelle qu’on appelle la critique, sans laquelle il ne peut y avoir de révolution morale et sociale complète. Les masses qui ont tout intérêt à se révolter contre l’ordre des choses établi, y sont encore plus ou moins rattachées par la religion de leurs pères, cette providence des classes privilégiées.

Les classes privilégiées qui n’ont plus aujourd’hui quoi qu’elles disent, ni la piété ni la foi, y sont rattachées à leur tour par leur intérêt politique et social. Pourtant, il est impossible de dire que ce soit là la seule raison de leur attachement passionnel pour les idées dominantes. Quelque mauvaise opinion que j’aie de la valeur actuelle, intellectuelle et morale de ces classes, je ne puis admettre que l’intérêt seul soit le mobile de leurs pensées et de leurs actes.

Il y a sans doute dans chaque classe et dans chaque parti un groupe plus ou moins nombreux d’exploiteurs intelligents, audacieux et consciencieusement malhonnêtes, ce que l’on appelle les hommes forts, libres de tous préjugés intellectuels et moraux, éga-