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au moins de la suspension de la Chambre, malgré que Schneider lui-même, dit-on, y soit contraire. »

Une correspondance de l’Indépendance belge datée de Paris 27 août annonce l’intention de l’empereur de se réfugier derrière la Loire, à Bourges et d’y concentrer le gouvernement. La Liberté (du 28 août) parle aussi du projet de transporter le gouvernement non à Bourges, mais à Tours.

Ce projet paraît être une menace très sérieuse. Il paraît se combiner avec la formation d’une nouvelle armée derrière la Loire, armée dont le commandement sera sans doute confié à un Bonapartiste éprouvé. Il apparaît plus menaçant encore, en présence de l’agitation Bonapartiste des paysans, longuement et systématiquement fomentée par les préfets, sous-préfets, Conseils généraux et Conseils d’arrondissement, maires, juges de paix, gendarmes, gardes-champêtres, maîtres d’école et curés et assistants de curés sur tous les points de la France.

Pour moi, il est évident que Napoléon veut s’appuyer maintenant sur deux forces : Bismarck à l’extérieur, et les paysans, soulevés en sa faveur, à l’intérieur. De cette manière, pour sauver sa couronne, après avoir précipité la France dans l’abîme, il veut ruiner, détruire son dernier espoir et moyen de salut (je parle ici au point de vue de l’État) : la levée en masse unanime du |33 peuple français contre l’invasion étrangère. Il veut lui substituer, en ce moment terrible et en présence même de cette invasion, la guerre civile entre les campagnes et les villes de France. Je ne serais nullement étonné si le ministère actuel, ministère bonapartiste et ultramontain s’il en fut, inspiré par Napoléon III, par Eugénie et par les Jésuites tout à la fois, si ce ministère qui veut évi-