Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/282

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demment consommer la ruine de la France, nourrissait le projet d’armer les paysans contre les villes, en laissant les ouvriers désarmés, comprimés par l’état de siège, et livrés sans défense à la barbarie réactionnaire des paysans. Ce sera là un terrible danger, et seule la révolution sociale telle que nous l’entendons sera capable de le détourner et de le transformer pour la France en un moyen de salut. J’y reviendrai plus tard.


Tels sont donc les projets actuels de l’empereur, de l’impératrice et de leur parti. Appuyés sur cette armée nouvelle qu’on organise derrière la Loire, et qu’on organise sans doute de manière à ce qu’elle soit bien dévouée à l’Empire, appuyés en même temps sur les sympathies artificiellement réchauffées des paysans, et s’entendant d’un autre côté, en secret, avec Bismarck, les Bonapartistes seront bien capables de livrer à ce dernier Paris lui-même, qu’ils accuseront plus tard la population de cette ville et les députés radicaux d’avoir trahi aux Prussiens[1].

Bismarck ne pourra pas imposer Napoléon III ou IV à la France, à Paris. Mais Napoléon III, soutenu par cette armée de la Loire qui ne sera bonne probablement que pour le défendre contre l’indignation des villes françaises, et par les paysans qu’on aura ameutés contre le patriotisme des villes, pourra traiter avec Bismarck, après que ce dernier aura pris et désarmé Paris. À moins d’une énergie surnaturelle, dont je ne crois |34 plus capable le peuple français, la France dans ce cas sera perdue.

  1. Cette phrase incorrecte est textuellement reproduite. — J. G.