Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/411

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propriétés, détournées depuis plusieurs siècles du but des pieux fondateurs, la Révolution les avait rappelées à leur destination véritable, la vie et l’entretien du pauvre. Elles avaient passé de la main morte à la vivante, des paresseux aux travailleurs, des abbés libertins, des chanoines ventrus, des évêques fastueux, à l’honnête laboureur. Une France nouvelle s’était faite dans ce court espace de temps. Et ces ignorants (les émigrés) qui amenaient l’étranger ne s’en doutaient pas…

« À ces mots significatifs de restauration des prêtres, de restitution, etc., le paysan dressa l’oreille et comprit que |39 c’était toute la contre-révolution qui entrait en France, qu’une mutation immense et des choses et des personnes allait arriver. Tous n’avaient pas de fusils, mais ceux qui en eurent en prirent ; qui avait une fourche prit la fourche, et qui une faux, une faux. Un phénomène eut lieu sur la terre de France. Elle parut changée tout à coup au passage de l’étranger. Elle devint un désert. Les grains disparurent, et, comme si un tourbillon les eût emportés, ils s’en allèrent à l’ouest. Il ne resta sur la route qu’une chose pour l’ennemi, les raisins verts, la maladie et la mort. »

Et encore plus loin, Michelet trace ce tableau du soulèvement des paysans de la France :

« La population courait au combat d’un tel élan que l’autorité commençait à s’en effrayer et la retenait en arrière. Des masses |45 confuses, à peu près sans armes, se précipitaient vers un même point ;