Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/445

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les plus inoffensifs, les moins résolus, les moins convaincus, les plus bêtes, ou bien ceux qui, d’une manière ou d’une autre, avaient consenti à se vendre. C’est ainsi qu’ils parvinrent à s’emparer du pays et à le malmener, sans aucune résistance de sa part, pendant plus de vingt ans ; puisque, comme je l’ai déjà observé, le bonapartisme date de Juin et non de Décembre, et que M. Jules Favre et ses amis, républicains bourgeois des Assemblées constituante et législative, en ont été les vrais fondateurs.

Il faut être juste pour tout le monde, même pour les bonapartistes. Ce sont des coquins, il est vrai, mais des coquins |62 très pratiques. Ils ont eu, je le répète encore, la connaissance et la volonté des moyens qui conduisaient à leur but, et sous ce rapport ils se sont montrés infiniment supérieurs aux républicains qui se donnent les airs de gouverner la France aujourd’hui. À cette heure même, après leur défaite, ils se montrent supérieurs et beaucoup plus puissants que tous ces républicains officiels qui ont pris leurs places. Ce ne sont pas les républicains, ce sont eux qui gouvernent la France encore aujourd’hui. Rassurés par la générosité du gouvernement de la Défense nationale, consolés de voir régner partout, au lieu de cette Révolution qu’ils redoutent, la Réaction gouvernementale, retrouvant, dans toutes les parties de l’administration de la République, leurs vieux amis, leurs complices, irrévocablement |73 à eux enchaînés par cette solidarité de l’infamie et du crime, dont j’ai déjà parlé et sur laquelle je re-