Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/446

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viendrai encore plus tard, et conservant en leurs mains un instrument terrible, toute cette immense richesse qu’ils ont accumulée par vingt ans d’horrible pillage, les bonapartistes ont décidément relevé la tête.

Leur action occulte et puissante, mille fois plus puissante que celle du roi d’Yvetot collectif qui gouverne à Tours, se sent partout. Leurs journaux, la Patrie, le Constitutionnel, le Pays, le Peuple de M. Duvernois, la Liberté de M. Émile de Girardin, et bien d’autres encore, continuent de paraître. Ils trahissent le gouvernement de la République, et parlent ouvertement, sans crainte ni vergogne, comme s’ils n’avaient pas été les traîtres salariés, les corrupteurs, les vendeurs, les ensevelisseurs de la France. M. Émile de Girardin, qui s’était enroué pendant les premiers jours de septembre, a retrouvé sa voix, son cynisme et son incomparable faconde. Comme en 1848, il propose généreusement au gouvernement de la République « une idée par jour ». Rien ne le trouble, rien ne l’étonne ; du moment qu’il est entendu qu’on ne touchera ni à sa personne, ni à sa poche, il est rassuré et se sent de nouveau maître de son terrain : « Établissez seulement la République, écrit-il, et vous verrez les belles réformes politiques, économiques, philosophiques que je vous proposerai ». Les journaux de l’empire refont ouvertement |63 la réaction au profit de l’empire. Les organes du jésuitisme recommencent à parler des bienfaits de la religion.