Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/249

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me demander : « Qu’est-ce que tout cela vous fait, à vous qui êtes étranger ? » Ah, monsieur, ai-je besoin de vous prouver, à vous, que la cause de la France est redevenue celle du monde ; que la défaite et la déchéance de la France seront la défaite et la déchéance de la liberté, de tout ce qui est humain dans le monde. Que le triomphe définitif de l’idée et de la puissance de la Prusse, militaires et bureaucratiques, nobiliaires et jésuitiquement protestantes, sera le plus immense malheur qui puisse frapper toute l’Europe. Si la Prusse l’emporte, c’en sera fait de l’humanité européenne au moins pour cinquante ans ; pour nous autres vieux, il ne nous restera plus qu’à mourir. Hélas ! je devrai reconnaître que feu mon ami Alexandre Herzen |4 avait eu raison, après les néfastes journées de juin 1848, — journées pendant lesquelles la bourgeoisie de Paris et de France avait élevé le trône de Louis Bonaparte sur les ruines des espérances et de toutes les aspirations légitimes du prolétariat, — lorsqu’il proclamait que l’Europe occidentale désormais était morte, et que pour le renouvellement, pour la continuation de l’histoire, il ne restait plus que deux sources : l’Amérique, d’un côté, et, de l’autre, la barbarie orientale.

Avocat, non de votre monde bourgeois officiel, monde que je déteste et que je méprise du plein de mon cœur, mais de la révolution occidentale, j’avais toujours défendu cette révolution contre lui. Après en avoir été un des ardents adeptes, il n’y croyait