Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comprenant l’immense majorité et composé de membres qui n’auraient pour toute science qu’une foi aveugle dans la sagesse théorique et pratique de leurs chefs, et l’autre composé seulement de quelques dizaines d’individus directeurs, cette institution qui doit émanciper l’humanité se transformerait |139 elle-même en une sorte d’État oligarchique, le pire de tous les États ; et qui plus est, que cette minorité clairvoyante, savante, et habile, qui assumerait, avec toutes les responsabilités, tous les droits d’un gouvernement d’autant plus absolu que son despotisme se cache soigneusement sous les apparences d’un respect obséquieux pour la volonté et pour les résolutions du peuple souverain, résolutions toujours inspirées par ce gouvernement lui-même à cette soi-disant volonté populaire ; que cette minorité, disons-nous, obéissant aux nécessités et aux conditions de sa position privilégiée et subissant le sort de tous les gouvernements, deviendrait bientôt et de plus en plus despotique, malfaisante et réactionnaire. C’est ce qui est précisément arrivé aujourd’hui dans l’Internationale de Genève[1].

L’Association Internationale ne pourra devenir un instrument d’émancipation pour l’humanité que lorsqu’elle sera d’abord émancipée elle-même, et elle ne le sera que lorsque, cessant d’être divisée en deux groupes, la majorité des instruments

  1. Cette dernière phrase a été supprimée dans l’Almanach.