Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande âme, pour une fière intelligence, pour une ambition grandiose, comme celle de Mazzini, au bout d’une carrière vouée tout entière au service de l’humanité, c’est une position tragique et cruelle.

Aussi, lorsque le saint vieillard, du haut de son isolement idéal, nous a lancé ses premières foudres, nous n’avons rien ou presque rien répondu. Nous avons respecté cette impuissante, mais douloureuse colère. Et pourtant ce ne sont pas les arguments qui nous auraient manqué, non seulement pour repousser ses reproches, mais encore pour les retourner contre lui.

Il dit que nous sommes des matérialistes, des athées. À cela nous n’avons rien à répondre, car nous le sommes en effet, et, autant qu’un sentiment de fierté est permis à de pauvres individus qui, pareils à des vagues, s’élèvent pour disparaître bientôt dans l’immense océan de la vie collective de l’humaine société, nous nous glorifions de l’être, parce que l’athéisme et le matérialisme, c’est la vérité ou plutôt, c’est la base réelle de toute vérité, et parce que, sans nous soucier des conséquences pratiques, nous voulons la vérité avant tout et rien que la vérité. De plus, nous avons cette foi, que, malgré toutes les apparences du contraire, malgré toutes les craintives suggestions d’une prudence politique et sceptique, la vérité seule peut créer le bien pratique des hommes.

Tel est donc le premier article de notre foi ; et nous vous forcerons bien d’avouer que nous en