Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/147

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pendante appelée à se gouverner elle-même. « Vous sortez de la commune », dit-elle ; « c’est dans son sein que s’est faite l’éducation de votre vie » ; et cela est vrai : mais rétrograderiez-vous vers la vie de l’enfance, lui donneriez-vous la prépondérance sur la vie de l’âge viril, sous le prétexte qu’avant d’être hommes vous avez été enfants ? »

En transcrivant ces lignes de l’illustre proscrit, ma pensée se reporte à ces doux souvenirs du premier âge, qui rendent sainte aux âmes sensibles la terre où s’est passée notre enfance : les tendres caresses maternelles, le sourire de l’amour, les douces études ; puis les premières aspirations de liberté, les entretiens à voix basse, les ententes secrètes, les missives mystérieuses de Mazzini qui, avec le magique nom de Patrie, nous mettaient la fièvre dans le sang ; les persécutions, les prisons, les batailles ! — Est-il possible que l’Internationale demande à l’Italien, pour être citoyen du monde, d’oublier l’azur de son ciel, la verdure de ses campagnes, la magnificence de ses cités, les œuvres admirables de ses ancêtres ? alors, elle devrait donc demander à l’homme qu’avant de s’appeler humanitaire, il redescendît au niveau de la brute ? — Non, non, Maître ! l’Internationale ne demande pas à ses adhérents de ne pas voir ce qu’ils ont tous les jours sous les yeux, d’oublier ce qui est constamment dans leur pensée, de ne pas sentir ce qui est gravé dans leur cœur. Votre patrie est esclave ? que ses fils s’insurgent, et l’Internationale prêchera une croisade