Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/231

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socialiste et plus révolutionnaire, contribuèrent immensément à déterminer les rapports peu amicaux des deux partis qui se partagèrent désormais l’Internationale de Genève.

D’un côté, la phalange serrée et parfaitement organisée de la Fabrique, avec son radicalisme bourgeois, avec ses rêves platoniques d’une coopération étroite et privilégiée, avec ses chefs aspirant au Conseil d’État dans le secret de leur cœur[1], avec leur patriotisme genevois mesquin, |60 vaniteux et bruyant, tendant ostensiblement à transformer l’Internationale en une association genevoise, en un piédestal pour des ambitions genevoises. De l’autre, la masse passablement désorganisée des ouvriers en bâtiment, riches d’instincts, révolutionnaires et socialistes autant par position que par tendance naturelle, et soutenant de leurs votes toujours ou presque toujours les vrais principes du socialisme révolutionnaire.

À cette époque, les citoyens Becker, Guétat, Duval votaient encore avec nous ; ils n’avaient pas encore goûté du fruit savoureux de l’intrigue réactionnaire. Mais nous avions contre nous les citoyens Grosselin, Weyermann, Waehry, Crosset, et bien d’autres représentants de la Fabrique, ou d’ouvriers des autres métiers gagnés par la Fabrique. M. Henri Perret tâchait de se maintenir toujours au milieu, votant toujours avec la majorité, — comme le bon

  1. À Genève, les membres du Conseil d’État, c’est-à-dire du gouvernement cantonal, sont élus directement par le peuple.