Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/262

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|86 Ils eurent grand tort, car l’Alliance était le seul point où ils eussent pu donner rendez-vous et rencontrer les ouvriers en bâtiment les plus influents et les plus dévoués, converser avec eux librement, leur expliquer à fond le sens et le but des questions qui se débattaient dans l’Internationale et s’assurer par ce moyen du concours de la masse des ouvriers en bâtiment. Dans le Cercle, cette franche explication était impossible, car la Fabrique y avait introduit un système d’espionnage qui paralysait toutes les conversations libres. Il ne restait donc, en dehors de l’Alliance, qu’un seul moyen de rencontrer les ouvriers en bâtiment : c’était d’aller les chercher dans leurs ateliers ; mais, outre que ce moyen était trop difficile et eût nécessité une immense perte de temps, il était encore dangereux à ce point de vue, qu’ils auraient pu rencontrer dans les ateliers des agents gagnés par la Fabrique et eussent été |87 accusés plus que jamais d’intrigues. Robin et Perron avaient donc préféré de s’en reposer, pour tout ce qui avait rapport à la propagande individuelle parmi les ouvriers en bâtiment, sur Brosset. Mais Perron, au moins, aurait dû connaître Brosset. C’est un homme qui, malgré ses instincts et son apparence et son éloquence de tribun populaire, est l’homme le plus vaniteusement personnel, le plus changeant et le plus défiant qu’il y ait au monde. Il peut devenir un instrument magnifique pour un moment et dans des circonstances données, mais il est impossible de se reposer