Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/264

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pareille, capable de coucher bas l’intrigue réactionnaire et de le rendre maître du terrain politique dans l’Internationale de Genève. Déjà à la fin du printemps de 1869, il m’avait dit : « Veux-tu me laisser la direction exclusive, absolue, de notre propagande et de notre action dans l’Internationale de Genève ? et je te réponds que d’ici à peu de temps nous aurons triomphé de tous nos adversaires, nous serons les maîtres ». À cela je lui avais répondu que je ne demandais pas mieux que de me rendre à ses conseils, de suivre même sa direction aussitôt que je serais convaincu qu’elle était la bonne ; mais que, pour cela, il était nécessaire qu’il m’exposât d’abord son plan d’action, de défense et d’attaque, et qu’il me persuadât de la bonté de ce plan. « Non, me répondit-il, laisse-moi faire, ne te mêle de rien ; à cette seule condition je prends la responsabilité du succès. » C’est-à-dire qu’il ne |89 demandait rien de moins qu’une dictature absolue pour lui-même, et de ma part une soumission aveugle, plus que cela, une annihilation complète. C’était trop demander, n’est-ce pas ? Trop de la part de Perron surtout, qui, bien que doué de qualités estimables, n’avait encore prouvé par aucun acte qu’il eût la capacité et la volonté, la puissance et la clarté d’esprit nécessaires pour mener dictatorialement quelque affaire sérieuse que ce fût ; trop vis-à-vis de moi, qu’il n’avait point le droit de considérer comme un premier venu pourtant.

J’avais alors beaucoup, beaucoup d’amitié pour