Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/288

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tous hostiles, du moins tous prévenus et défiants, sans que j’aie pu en aucune manière avoir contribué à ce changement, puisque pendant ces cinq mois d’absence je n’exerçai pas la moindre action, et n’eus même aucuns rapports ni directs, ni même indirects, avec l’Internationale de Genève. Ce changement fut donc évidemment l’œuvre de mes ennemis.

Et que firent mes amis pour me défendre ? Rien. Ignoraient-ils les infâmes calomnies qu’on répandait contre moi ? Ils ne pouvaient pas les ignorer, puisqu’elles furent répétées devant eux. Mais ils craignirent de se compromettre, sans doute, et de compromettre leur fameux plan stratégique en prenant ma défense contre des attaques injustes, ridicules, et infâmes. Je ne réponds même pas que Perron n’ait ressenti un certain plaisir en me voyant dénigré. Je lui donnais sur les nerfs, et, sans vouloir se l’avouer |109 à lui-même, il me détestait déjà, comme un reproche pour la plupart du temps muet, mais néanmoins sensible pour lui, de ses imaginations et de ses faiblesses. Sans doute il n’en avait pas trop conscience lui-même, — on n’aime pas à s’avouer de pareils sentiments, — mais il excusait sa non-intervention et sa neutralité dans ce cas par un principe que je lui ai entendu énoncer fort souvent, et que j’ai toujours considéré comme foncièrement faux : « Qu’il ne faut pas s’occuper des personnes, mais seulement des principes ». Quant à moi, qui n’ai jamais pu concevoir que les principes puissent